Recruter un alternant à un niveau Bac+5 sur des fonctions support n’est déjà pas simple. Mais quand il s’agit d’un candidat en situation de handicap, la difficulté s’accentue. Entre rareté des profils, autocensure et stéréotypes persistants… les freins sont nombreux. Nous avons voulu aller plus loin que ce constat. Entretien avec Iyad, actuellement en master, et décryptage par Arnaud, notre cofondateur.
On l’a dit, il est déjà difficile de trouver des alternants sur des fonctions support. Mais la tension la plus forte s’exprime sur la recherche d’alternants en situation de handicap pour des postes de niveau bac+3 à bac+5 sur ces métiers.
Les chiffres confirment ce constat : seuls 27% des demandeurs d’emploi ayant une RQTH ont un niveau de formation au moins égal au baccalauréat. “On le fait aussi moins valoir quand on est un jeune en situation de handicap en master. Quand on s’est un peu battu pendant toute la scolarité, on ne veut pas forcément en parler ou même simplement le laisser transparaître : on continue son combat !”, explique Arnaud, notre fondateur.
Iyad, aujourd’hui en master, a eu un parcours exigeant dans le commerce et la qualité, avec des expériences en prospection, gestion de projet et marketing. Mais ce chemin, il sait qu’il étonne : “La plupart des offres sont pour des masters. C’est inattendu pour les recruteurs ou les managers, comme pour mon entourage, de comprendre qu’on peut être en master et en situation de handicap. Beaucoup de gens qui m’ont suivi depuis tout petit trouvent que c’est incroyable que je sois arrivé jusque là. Les recruteurs se disent peut-être : un petit Asperger qui arrive à ce niveau, c’est rare”.
Une autre difficulté se situe dans le positionnement du candidat face au handicap. Faut-il en parler ? Et surtout, quand en parler ? Iyad a choisi une approche très claire : dire les choses, mais au bon moment : “C’est un truc que je fais sans gêne. Ce n’est pas difficile d’en parler, mais plutôt de savoir quand en parler. Pas au premier entretien. Même si les entreprises ont des quotas, ça peut faire peur. Mais ensuite, j’amène les choses en expliquant que je suis persévérant, que j’ai travaillé plus que les autres pour en arriver là”.
Autre facteur de rareté : les jeunes en situation de handicap avec un niveau master ne sont pas ou peu repérés par le réseau de l’emploi dans leurs circuits classiques d’accompagnement. Comme le souligne Arnaud, “en général, les plus diplômés font moins appel à des structures de type CAP emploi”.
Résultat : les entreprises qui veulent recruter dans une logique inclusive passent souvent à côté de ces profils. Pas parce qu’ils n’existent pas, mais parce qu’ils ne sont pas dans les circuits où l’on a l’habitude de les chercher.
Nous avons recommandé Iyad sur un poste chez un de nos clients, dans le secteur de l’industrie. C’est un candidat parfaitement capable, engagé, et qui mérite qu’on lui fasse confiance.
La question n’est donc pas de savoir s’il existe des talents en situation de handicap au niveau master. Ils existent. Mais ils ont besoin qu’on les cherche différemment, qu’on les écoute autrement, qu’on amène les bonnes questions en entretien, et surtout, qu’on les rencontre pour ce qu’ils sont.
Les profils comme Iyad ne manquent pas d’ambition ni de compétences. Ce qui leur fait défaut, c’est un espace clair pour être identifiés et écoutés. Les employeurs qui veulent diversifier leurs recrutements dans les fonctions support doivent donc intégrer une réalité simple : ces candidats ne suivront pas toujours les circuits classiques, ne rentreront pas toujours dans les cases, ne parleront pas forcément de leur handicap au bon moment. Et pourtant, ils sont là.
Parlons ensemble de votre recherche d’alternants.
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