Handicap survenu en cours de vie : 4 témoignages 100% sincérité

17 novembre 2025 - de Pépites emploi

Ils ont dû se réinventer avec de nouvelles données. D’un jour à l’autre, parfois, c’est tout un équilibre qui bascule. Quel impact a eu le handicap acquis en cours de vie sur Corinne, Ilyes, Julien ou Nolwenn ? Nous leur avons donné la parole.

Le handicap qui survient en cours de vie, une sorte de seconde naissance

Accident de la route, amputation, troubles invalidants… Nos 4 candidats au Grand Pitch ont tous vécu une rupture. Nolwenn a dû tout réapprendre : “Je ne pouvais pas bouger les bras alors que j’étais technicienne de maintenance et que j’étais très sportive. C’était une nouvelle naissance, j’ai tout recommencé”. Corinne a quant à elle perdu la motricité de sa jambe gauche. Pour elle, c’est comme si la vie allait s’arrêter. “Je me suis vue en fauteuil roulant, je n’allais pas pouvoir devenir maman”.

“On a des candidats qui nous confient des choses fortes quand ils expliquent jusqu’à quel niveau de détail il faut réapprendre. Il y a une multitude d’après : bouger les doigts, réapprendre à parler, retrouver le niveau CE2… Tout ça, on ne le sait pas au moment où survient le handicap. On le découvre au fur et à mesure« .

Yohanna, cofondatrice de Pépites emploi.

Julien était à une semaine de réaliser son rêve, jouer au football au Canada. Puis accident, un mois de coma, quatre morts cliniques et un état végétatif : “J’avais une chance sur cent de remarcher, et j’ai dû poser de nouvelles bases intellectuelles”. Il a un déclic : on comptait sur lui pour vivre dans la société. Pour Ilyes, il est plus difficile d’accepter un handicap acquis qu’un handicap de naissance. “Quand ton rêve se détruit d’un coup et que tu te retrouves de l’autre côté de la barrière, tu te dis j’aurais pu l’éviter comme ceci, comme cela”. On se perd par rapport aux repères qu’on a déjà construits.

Nolwenn

Accepter et assumer son handicap dans ces conditions : un défi de taille

Comment faire pour accepter son handicap ? Pour Ilyes, il s’agit de se comporter comme une personne lambda : le même rythme de vie, le même mode de vie, rien n’est impossible. Julien apporte une nuance : “J’ai dû accepter que j’avais des facteurs limitants. Je ne courrai plus jamais derrière un ballon”. “Il faut revoir ses plans de vie”, affirme Nolwenn. Mener des projets qui peuvent donner cette “niaque”.

Pourtant, pour elle, les choses se sont d’abord très mal passées. Elle a mis 4 ans à accepter qu’elle ne pouvait plus lever les bras, ou jouer au badminton alors qu’elle était en équipe de France. Cela a été compliqué, mais elle a trouvé d’autres passions. Ce n’est que l’année dernière qu’elle a fait sa demande de RQTH. “Je n’avais aucun problème pour parler d’accident, mais je parlais de douleur passagère. Ils ne savaient pas ce que j’avais. Je ne me disais pas que c’était un handicap”. 

“On ne pourra jamais accepter à 100%”, ajoute Ilyes. Son handicap est génétique. Il s’est fait amputer de la jambe gauche il y a 3 ans. “Ça a été plus compliqué après l’amputation. J’ai été dans le déni pendant un an. Ensuite, j’ai tout encaissé d’un coup. J’en suis ressorti différent, dans le sens positif. J’ai l’impression d’avoir fait la paix avec moi-même”.

Ilyes

Les réactions des proches : un nouvel équilibre familial et amical à trouver

Chez Ilyes, le handicap, on n’en parle pas. “Le handicap est un monde différent du mien, je n’ai été qu’avec des personnes normales”. Ses amis et sa famille sont au courant, mais beaucoup ignorent encore sa situation. Pour Nolwenn, ça s’est très mal passé. “Je suis le clown de la famille. Je voulais montrer que j’allais bien, mais je passais mes journées à jouer à la tablette alors que je fais toujours un milliard de choses. Ils étaient inquiets”.

Les parents de Corinne ont été dévastés. “Dans ma famille, on a des problèmes de dos. Mais j’étais la première à me faire opérer”. Pour autant, le mot handicap est difficile à poser, parce qu’on y rattache l’image du fauteuil. Pour Julien, ça a été très compliqué aussi. “Toute la famille a pris ça de façon dramatique. Tout le monde comptait sur moi pour réaliser mon rêve sportif. Mes parents m’ont surprotégé. Ça a été difficile de me sortir de ça”. Difficile de refuser cette aide, mais il a besoin de “se refaire” seul.

Corinne

Un handicap survenu en cours de vie demande des ajustements professionnels souvent importants

Pour Yohanna, notre cofondatrice, ces cassures amènent à réorienter une carrière. “Il faut que les employeurs prennent conscience des qualités que ça amène à développer. Qu’ils voient qu’ils ont en face des personnes qui ont dû se transformer”. C’est quelque chose que tout le monde redoute, et ici, on parle d’un changement le plus radical possible, ce qui implique des savoir-être extrêmement intéressants en entreprise.

Julien est étudiant quand l’accident survient. Il était en licence d’économie, son avenir professionnel n’était pas tout tracé. Il réapprend alors à parler, lire, marcher, et retrouve son niveau intellectuel ー et sa licence ー quelques années plus tard. Le parcours d’Ilyes n’est pas balisé d’avance. Et il a arrêté ses études parce que les rechutes étaient soudaines et imprévisibles. Après son opération, Corinne ne retrouve pas son poste. “Je suis tombée en dépression. 25 ans plus tard, je n’ai toujours pas réussi à digérer”. 

Julien

Quant à Nolwenn, elle venait de finir son BTS et allait entrer à la RATP comme agent de maîtrise. “Ça a volé en éclats. J’ai dû réapprendre à tenir une fourchette”. Son kiné lui dit que l’électricité, c’est fini : elle ne pourra pas soulever une perceuse. Même si ce parcours, c’était “toute sa vie”, Nolwenn adapte son hyperactivité à la vie de bureau : “Ça fait 3 ans que je travaille dans les ressources humaines. Je me pose des challenges. On m’appelle speedy parce que je bosse plus vite que mes collègues !”.

Handicap visible, handicap invisible : ce que ça change concrètement

“On ne nous croit pas”, soupire Nolwenn. La culture du jugement lui pèse. “Je ne peux pas soulever un pichet d’eau, mon ami le fait pour moi, on me fait la réflexion que je fais ma princesse. Je n’ai pas à me justifier devant cette méchanceté”. “On se plaint pour rien”, ironise Julien. Pour lui, les gens classent les symptômes dans la mauvaise catégorie. Il a réappris à marcher, mais on le croit souvent en état d’ébriété. Il ne se sent pas compris.

Corinne ne peut pas s’empêcher de comparer son handicap avec des handicaps plus visibles : “Je me dis qu’il faut que j’arrête de me plaindre, ça pourrait être pire, je marche”. Elle sent des regards différents sur elle, plus culpabilisants. “T’as des problèmes de dos ? Fais un effort, fais du sport ! Sauf que mes problèmes de dos s’accentuent quand je fais du sport. C’est compliqué”.Finalement, le message que Corinne, Ilyes, Julien et Nolwenn veulent transmettre, c’est leur indépendance vis-à-vis des préjugés et l’acceptation d’être “extraordinaire”. Employeurs, leurs talents n’en sont que plus grands. À vous de les reconnaître ! Contactez arnaud@pepitesemploi.com pour discuter de vos recrutements en cours.

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