Pas vu pas pris : Frédéric, ou un message fort sur la face cachée de l’autisme

1 septembre 2025 - de Pépites emploi

Chez Pépites emploi, nous agissons pour l’intégration de tous les talents. À travers notre concours oratoire le Grand Pitch, nous donnons à voir ces talents, qui se bousculent pour porter un message important. Frédéric fait partie de ces voix qu’il faut écouter pour s’enrichir, se transformer. Voici un exemple de parcours atypique et brillant, comme on en croise beaucoup chez Pépites. Nous l’avons interviewé.

Un parcours atypique, représentatif de ceux des Pépites que nous accompagnons

Si aujourd’hui Frédéric est data scientist, tout n’était pas gagné d’avance. Entré dans la vie active en 1997,  il a d’abord occupé des postes d’agent d’entretien, puis manutentionnaire. Son bac en poche, il devient ouvrier de fabrication. Mais très vite, il éprouve le besoin d’une plus grande stimulation intellectuelle : “J’ai donc fait des formations, malheureusement non diplômantes, dans le lean manufacturing [fabrication sans gaspillage]. Puis j’ai eu envie d’entrer à l’université pour passer des diplômes”. 

Il passe donc d’abord un BTS, puis une licence. “Puis je me suis dit pourquoi pas une formation d’ingénieur. Mais hélas, avec un âge certain et une façon d’être totalement différente de la masse,  tout m’a été refusé”. Il passe tout de même un BTS assistant technique ingénieur en alternance. Puis s’en est suivi une longue période de chômage. Un jour, il apprend que Grenoble école de management ouvre une formation de data scientist réservée aux personnes autistes : “Il y avait dans cette formation des gens beaucoup plus diplômés que moi, des étudiants avec des masters ou des licences en mathématique, et moi au milieu avec mon BTS en poche”. Pourtant, il valide la formation et est embauché chez METRO France. Il est parallèlement jury sur les certifications Dev/IA et Data Analyst.

La découverte du concours oratoire le Grand Pitch au sein de METRO : un engagement immédiat

Il entend parler du Grand Pitch dans son entreprise : “Il y a eu une communication par mail qu’un collaborateur se présentait au concours. J’ai alors distribué à tout le monde de mon étage une feuille avec un QR code pour leur dire de voter en masse pour notre collègue. J’ai été très fier de mon initiative car personne ne l’a fait à mon étage”. 

Pourquoi participer au Grand Pitch ? L’année dernière, il a eu la chance de participer à un Autix [un TeDX version autiste] à l’ESPTA de Paris : “Ce passage m’a permis de prendre confiance en moi, et aussi de me dire, je veux continuer dans ce chemin là. Je veux qu’on parle de nous, je ne veux plus qu’on soit invisible, parce qu’in fine et pour reprendre quelque peu les propos de Julie Dachez [docteure en psychologie sociale, conférencière et militante pour les droits des personnes autistes], on est une sorte de remède à une société malade de normes en tout genre”.

Un message à passer : derrière le masque, un quotidien à révéler… et un appel au secours

Il postule donc au concours et est sélectionné parmi les 160 candidats que nous avons interviewés. Il suit ensuite quelques séances d’atelier d’écriture, pour mettre au point son pitch et affûter son message. “J’avais donc initialement prévu un texte mais qui ne parlait pas de mes difficultés”, nous confie-t-il. “J’avais plutôt dans l’idée de parler de ce que je fais moi pour aider les autres. Mais au fil des ateliers d’écriture, l’équipe a vu que je cachais mes difficultés. J’esquivais certaines questions, mais ils ont réussi, petit à petit, à m’amener à me livrer”. 

Sa volonté ? Montrer le quotidien d’une personne autiste. Pas derrière ce « masking social », mais  ce qu’il appelle “le côté obscur de la force”. Le côté que selon lui, personne ne veut entendre, pour bien lui rappeler que : “pas vu pas pris” 一 le thème imposé sur lequel va se baser son pitch. “J’ai dû revoir ma copie”, nous dit-il. “Tout changer et accepter de me livrer un peu, pour lancer un énième appel au secours. Car même si en apparence j’ai l’air fort , en réalité je suis très fragile”.

Employeurs, il existe un retour sur investissement à s’adapter aux personnes autistes

Frédéric nous rappelle qu’il est vrai qu’une personne autiste a besoin d’un environnement particulier. Mais cela ne doit pas être un frein à l’embauche : “Donnez-nous ce dont nous avons besoin pour nous sentir en sécurité, et nous vous donnerons bien plus en échange”. Pour lui, les autistes ont un code d’honneur. Des principes sur lesquels nous ne transigeons jamais, comme le respect des règles, “quand elles sont intelligemment définies”, précise-t-il. “Et qu’est-ce qui permet à votre entreprise d’être structurée, de ne pas perdre de temps ? Des règles. Les règles sont les socles de votre entreprise et nous autistes, à notre niveau, on en est les garants”.

L’autisme dans l’emploi : pas vu, pas pris ?

Comme le soulèvent Claire Compagnon, Déléguée interministérielle à la stratégie nationale pour l’autisme au sein de troubles du neuro-développement, et Laure Albertini, Conseillère experte du neuro-développement dans l’étude Agefiph 2023 “Autisme et emploi”, “Pour les personnes en situation de handicap visible, les chemins vers l’emploi sont difficiles, parfois impossibles… Les personnes en situation de handicap invisible comme l’autisme quant à elles subissent souvent une forme de double peine”. 

Dire ou ne pas dire. Ceux qui choisissent de ne pas révéler leur état à leurs collègues et à leur employeur doivent bien souvent gérer, en plus de leurs problèmes de santé, incompréhension, peur, quiproquos, voire rejet. En choisissant souvent  de “prendre sur elles”, et de “faire bonne figure”, elles doivent déployer une énergie considérable pour compenser leur handicap.

En France, seules 0,5% des personnes autistes ont un emploi en milieu ordinaire. On comprend qu’il nous reste encore beaucoup de travail. Il reste aussi beaucoup de réassurance à donner par la société et des employeurs aux personnes autistes, pour éviter que leurs besoins d’adaptations ne soient “pas vus, pas pris”.

Entreprises, vous avez envie de rejoindre le mouvement, et de permettre à des personnes comme Frédéric de porter des messages cruciaux ? Contactez Yohanna en direct.

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