“Le Grand Pitch, c’est un accomplissement personnel” : Louisa, candidate, témoigne

15 septembre 2025 - de Pépites emploi

Poésie, slam, rap : Louisa était déjà une passionnée des mots. Mais grâce au Grand Pitch, elle ajoute une corde à sa maîtrise de l’art oratoire. Elle participe pour s’accomplir et mieux assumer son handicap. Et elle fait mentir le thème de son pitch, “pas vu pas pris”. Car nous la voyons, et la prenons tout à fait telle qu’elle est : une Pépite ! Elle témoigne pour le blog Pépites emploi.

Un parcours atypique qui nécessite une grande force de remise en question

C’est d’abord vers la filière des langues étrangères appliquées (LEA) que Louisa se tourne, pour bifurquer vers une 3ème année de licence langues, littératures et civilisations étrangères et régionales (LLCER). Elle valide son premier semestre, mais son parcours universitaire s’interrompt brutalement lorsque sa maladie s’aggrave. C’est à ce moment qu’elle est clairement diagnostiquée, puis hospitalisée. S’ensuit un parcours du combattant qui l’empêche de terminer ses études.

Elle parvient toutefois à reprendre une activité professionnelle et développe ses compétences dans l’éducation, en tant qu’assistante d’éducation dans un collège, puis animatrice dans une section de maternelle. Elle renoue avec sa formation initiale en animant des cours d’anglais en école primaire. Aujourd’hui, elle veut trouver sa voie.

“Je suis très intéressée par le social. Ce qui me plaît, c’est d’aider, discuter. Le métier de thérapeute m’intéresse beaucoup. Mais est-ce que je dois utiliser les capacités que mon vécu m’a poussé à développer ? Je ne sais pas encore où placer le curseur. Ce qui est sûr, c’est que je dois travailler à mi-temps pour pouvoir m’investir pleinement dans mon travail”.

Une rencontre fortuite avec le Grand Pitch, mais pleine de sens

On lui parle de Cap emploi, réseau d’accompagnement des demandeurs d’emploi en situation de handicap dans leur parcours d’insertion professionnelle. Par curiosité, elle fait défiler quelques pages de son site web et tombe sur une annonce évoquant le Grand Pitch : “Ça m’a parlé parce que j’aime écrire, réciter. J’écris du slam, de la poésie, du rap… J’aime les textes forts, j’ai toujours admiré les gens qui prenaient la parole pour réciter ce qu’ils avaient écrit”. Son envie d’écrire est bien là. Petite, elle voit beaucoup de pièces de théâtre. Elle pratique. Une autre raison de se mettre en scène : “C’était une belle opportunité à saisir”, nous confie-t-elle.

Louisa sensibilise au handicap psychique

Quand on lui demande pourquoi elle a décidé de participer, elle met d’abord en avant la nécessité de donner de la visibilité aux personnes mises à l’écart. Mais c’est aussi pour montrer que personnellement, elle n’est “pas moins, pas mieux”, mais elle. Et enfin, un message d’espoir : “Dans le mot handicap, il y a plein de capacités. Ce n’est pas parce que certaines portes sont fermées que des fenêtres ne s’ouvrent pas pour autant”.

Sortir de ses codes habituels, un défi lancé par Ronith pendant les ateliers d’écriture des pitchs

Ronith a coaché Louisa au cours de quatre ateliers d’écriture. En effet, nous coachons les candidats du début à la fin, pour qu’ils se sentent en confiance et en accord avec le contenu de leur pitch. Louisa est arrivée stressée à son premier atelier, mais Ronith, sa coach, a su la mettre en confiance : “On a brainstormé. Je voulais écrire quelque chose de poétique, métaphorique, avec des figures de style et des sens cachés. Elle m’a un peu réorientée pour que j’écrive quelque chose de plus direct, plus immédiatement clair. Ça m’a demandé de sortir des sentiers battus”.

Pour elle, “Pas vu pas pris” n’était pas un thème évident. Pourtant, elle trouve rapidement ses marques, et un lien avec son handicap : “Pas vu pas pris… pas remarqué, pas considéré… pas considéré, pas intégré… pas intégré, pas respecté… ça m’inspire différentes choses”. Elle nous confie que si son handicap n’avait pas été reconnu, donc vu, elle aurait eu moins de possibilités de décisions sur ses perspectives d’avenir. “Ensuite, j’ai un handicap invisible, et je ne le dis pas toujours. Ne pas être vue, c’est ne pas être prise en compte, parce que c’est difficile aux yeux de la société”.

Se confronter à de “nouvelles couleurs” pour faire un zoom arrière sur son propre handicap

Ce qu’elle attend de cette expérience ? Un accomplissement personnel, et une appropriation de sa “condition”. “J’ai encore du mal quand on me demande pourquoi je ne travaille pas depuis un an. J’ai du mal à assumer”. Du séminaire de coaching et de filmage des pitchs, elle espère une vraie rencontre et des partages d’expérience avec les autres candidats : “J’ai souvent été hospitalisée. J’ai vu des gens qui avaient d’autres handicap psychiques. Mais le handicap, c’est une palette, et j’aimerais voir plus de couleurs : comment ils assument ? quel est leur parcours ? Où en sont-ils ? Est-ce que je suis en retard ?”, s’interroge-t-elle.

Candidate au Grand Pitch : Louisa, le portrait

Des professionnels, elle attend une conscience particulière de son handicap, et à la fois, le fait que ce ne soit pas un sujet. “Je ne veux pas avoir besoin de me cacher. Je sais qu’ils vont accepter mon handicap parce qu’on est dans ce cadre. Je peux me détendre et être moi, pleinement, sans avoir besoin de cacher quoi que ce soit pour être acceptée”.

Son message aux employeurs : aller au delà, voir autrement

Si Louisa recherche actuellement un emploi, ce n’est pas pour cette raison qu’elle a décidé de participer au Grand Pitch, mais pour l’amour de l’écriture, et pour se dépasser personnellement. Pour autant, ce qu’elle a envie de dire aux employeurs est simple : “Il faut voir au-delà du handicap. Même peut-être voir ce que le handicap donne comme capacités. Moi j’ai eu beaucoup de problèmes, j’ai un retard, je n’ai pas fini mes études, mais j’ai appris d’autres choses. D’autres valeurs”.

Handicap psychiatrique et travail : pas vu, pas pris ?

Comme l’exemple de Louisa le montre, les parcours de formation de personnes vivant des troubles psychiques peuvent être particulièrement compliqués. Le baromètre Unafam 2023 indique que la maladie psychique a empêché l’achèvement de la formation de 61 % des personnes interrogées

Les troubles psychiques touchent en France 3 millions de personnes. Ils sont encore très méconnus. Ils sont soit associés à des troubles passagers résultant d’un manque de volonté, soit à la “folie”,  et alors source d’inquiétude. Dans les deux cas, des a priori persistants s’exercent encore dans le monde professionnel sur la capacité des personnes qui en souffrent à exercer un emploi.

En effet, être atteint d’un trouble psychique et en parler provoque souvent une forme d’exclusion sociale, notamment dans le monde professionnel

Alors, pas vu pas pris ? Nous espérons au contraire faire avancer les choses sur la question. Et nous le faisons chaque année, avec nos candidats et nos partenaires. Les 15 pitchs de nos finalistes sont aujourd’hui dans la boîte et nous avons hâte de vous les faire découvrir pendant la semaine de la SEEPH !Entreprises, vous voulez faire bouger les choses, et prouver que le handicap psychique n’est pas une barrière pour vous ? Contactez Yohanna en direct.

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